Girieud rencontre à partir de 1904 les artistes d'avant-garde allemands
qui prônent la traduction de l'émotion intense éprouvée par l'artiste et la traduisent
à travers des distorsions, des exagérations, des emprunts au primitivisme ou aux dessins
d'enfants.
Girieud adepte des Primitifs et des Fauves, nourri des vigoureuses
oppositions inhérentes à sa Provence natale, s'investit dans cette peinture
aux contrastes excessifs, aux rapports de couleurs insolites dominés par l'abondance
du noir, aux simplifications de formes toujours plus aigües.
Il se retrouve donc dans ce mouvement de révolte artistique
qui se développe alors en Allemagne et qui sera baptisé Expressionnisme.
Munich avec la NKVM et le Blaue Reiter, Dusseldorf avec le Sonderbund ,
Berlin avec Die Brücke et la Neue Secession , sont les centres de diffusion
de leurs théories.
Ami de Kandinsky dès 1904, Girieud est le premier français à adhérer aux principes
expressionnistes de la NKV lors de sa création en 1909. Il sert alors de lien entre
les artistes parisiens et allemands et apporte sa contribution aux catalogues et expositions
jusqu'en 1911. Il est le Français ayant exposé le plus de tableaux avec ce mouvement ce
qui lui vaudra la présence de huit oeuvres lors de la rétrospective organisée par
le Lembachhaus en 1999.
Les artistes de la NKV reconnaitront en lui
la pureté de la ligne proche de la naïveté associée à une émotion pure caractéristique de l'expressionnisme.
Girieud est également associé au vent de liberté qui accompagne la création de
l'Almanach du Blaue Reiter
où figure une de ses oeuvres détruite durant la dernière guerre mondiale.
Il n'exposera pas avec ce groupe car sa contribution arrivera trop tard mais sera à leur
côté la plupart du temps y compris à la galerie Der Sturm où Walden après avoir exposé
les Expressionnistes Français (comprenant Girieud), revendiquera pour les allemands
le terme expressionniste.
A côté de cet investissement Munichois, Girieud contribue aux expositions qui entendent
réunir l'ensemble des courants de l'art dissident de l'époque. A ce titre, il accroche
ses oeuvres :
- à deux expositions du Sonderbund en
1910 et
1912 ,
-
à la Neue Secession de Berlin
en 1911. Dans une lettre à Kandinski, Franz Marc commentant
cette exposition indique notamment « fameux aussi les grands baigneurs (format vertical) de Girieud »(1),
- à la galerie Hans Goltz de Munich en 1912 et 1913 (exposition de la totalité de la peinture moderne)
- à la galerie Der Sturm en 1912 : 1° exposition de la galerie consacrée aux Expressionnistes français
et au Blaue Reiter puis deuxième exposition avec les Futuristes.
Le monde artistique allemand le tient en haute estime comme le montre le nombre
de ses toiles achetées par Koehler, Erbslöh, Kanolt, et Kandinsky ainsi que l'échange proposé par Marc (2).
Des chercheurs actuels sur le mouvement expressionnistes le citent (3)
(1) Le Cavalier Bleu Catalogue d'exposition du Musée de Berne
(2) source : Fiche sur Pierre Girieud Wikipedia Allemand ;
(3) Henri Jones