Fiche bibliographique

Tourette Jean - "Pierre Girieud (1876-1948) à la Tartane "
La Marseillaise---

-Marseille
octobre 1974
Contenu sur Girieud
Une exposition Pierre Girieud, à la tartane, rue St-Saëns, dit le sérieux des manifestations plastiques données dans cet établissement. Il s'agit d'une rétrospective offrant un vif intérêt par la personnalité et l'oeuvre de Girieud qui fut l'ami des plus grand de son temps et en premier lieu Pablo Picasso qu'il connut en 1900 au café Azon, en plein Montmartre. Né à Marseille en 1876, il passe son enfance dans notre ville où il découvre l'art de peindre et de dessiner. En 1900, il est à Paris, se fixe à Montmartre où il rencontre Picasso en attendant de faire la connaissance des Fauves de l'atelier Moreau. Girieud, très influencé par Gauguin, est entraîné dans un mouvement classique issu de ce dernier et peut-être, on y pense pas assez, de Puvis de Chavanne, l'auteur des célèbres fresques du Palais Longchamp. Girieud est plein d'un enthousiasme réfléchi. A Cassis où il se rend (1904) il se lie d'amitié avec Matisse, Braque, Derain et Othon Friesz. Il voyage en Italie, (...) en France pour séjourner en Provence où il décore le Jas de Puyvert (1932). Il illustre de nombreux ouvrages, notamment la Tentation de St-Antoine de Faubert et Domnine de Paul Arène, auquel il voue une profonde admiration. Il peindra d'ailleurs un hommage à l'auteur de jean des Figues. Epris à des degrés différents du primitivisme de Paul Gaugin, Sérusier et Maurice Denis, il reste que Girieud a fait cavalier seul. Charles Chassé l'assimile aux Fauves. Personnellement je le classe transfuge des Fauves, demeuré cependant dans la tradition de Poussin et de Cézanne. La Provence l'a également imprégné de son classicisme : "c'est en Provence, a-t-il écrit, que je trouve les paysages qui m'émeuvent le plus. Ils ont la grâce de l'Italie, l'âpreté de l'Espagne, la grandeur et la mesure". On croirait entendre Chabaud (la montagnette est mon Parthénon). Girieud demeure le peintre des grandes compositions murales, un fresquiste de talent. (il a décoré la Faculté des Sciences de Marseille). Il est l'un des premiers à s'être débarrassé, dans sa jeunesse, de l'itialisme qui avait corrompu l'art décoratif en en appelant à Poussin, à Cézanne et, je le répète, à Puvis de Chavanne. Sa pâte épaisse et très soignée prend des tons d'émail, l'aspect calciné des pierres. Robert Rey a dit :"Il a peint les oliviers dont chaque feuille est comme un miroir qui prend le ton du réel et le transpose en mineur". Et, plus loin : "C'est un noble artiste que Girieud. Il s'élève à une beauté austère et a mis sa gloire à prendre le chemin le plus âpre et le plus long. Avec Seyssaud et Chabaud, Girieud doit être considéré comme le plus sincère des artistes méditerranéens". Il est vrai que l'allure de cette peinture est grave et claire. Elle met aussi en évidence le lithographe original et le dessinateur puissant. L'exposition de la Tartane nous donne un aperçu du talent de Girieud. On y verra des nus, des paysages de Provence, des dessins, des compositions qui mettent en relief les dons généreux de ce grand peintre. Le vernissage qui a eu lieu mercredi, avait attiré, comme toujours, une foule dense.