La rétrospective que Marcel Roche a organisée au Salon d'Automne de l'oeuvre de Pierre Girieud sera, pour bien des gens, une révélation. On n'a pas assez dit, de son vivant, que Girieud était un artiste nourri des plus pures traditions. Il a toujours eu ce sens du lyrisme et de la grandeur qui donne à son oeuvre sa qualité, soutenue par la chaleur et la couleur méridionale, mais sans jamais tomber dans l’exubérance et le désordre. Les toiles de Girieud sont toujours soumises à une stricte discipline et gardent un style harmonieux. Il a toujours été tenté par les ouvrages de grandes dimensions, son premier envoi au Salon des Indépendants en 1905 était une "Tentation de Saint Antoine" de deux mètres carrés et, en 1906, son "Hommage à Gauguin", au Salon d'Automne avait tris mètre sur deux. Son "Emotion devant la Nature" (4m.50 sue 2m.), ses "Femmes damnées", ses "Trois Grâces", ses grands nus, ses paysages faisaient sensation au Salon d'Automne et des Indépendants, bien que ses toiles n'appartinssent en rien au mouvement fauve ou cubiste qui livraient bataille au Grand et au Petit-Palais. Girieud n'a été enrôlé dans aucune troupe. Seules les grandes traditions d'autrefois l'attiraient. Il rêvait de décorer de grands murs, des monuments. On imagine alors sa joie lorsqu'on lui proposa, en 1911, de décorer la fresque de la Chapelle Saint-Pancrace, à Grambois. La fresque fut toujours pour lui un moyen d'expression qui le passionna et qu'il a illustrée. De grandes décorations comme celle du Palais de la Découverte dont nous publions un fragment, ci-dessus, . Celle de l'université de Poitiers, celle de la mairie d'Ivry rappellent quel grand décorateur fut cet artiste, si pur si passionné, riche de l'amour qu'il avait pour les antiquités. |