Un Marseillais qui n'a jamais cru que l'art était une galéjade, même au temps où il cherchait sa voie dans la suite de Gauguin et Van Gogh, et où il peignait la Tentation de Saint Antoine.
Son fauvisme, - car Girieud fut aussi un partisan de la couleur pure, - ne fut jamais exempt d'un grand souci de la composition. Son admiration pour l'oeuvre de Maurice Denis, comme celle qu'il a toujours voué à Cézanne, n'ont d'égal que son amour pour le classicisme naturel des paysages de sa Provence natale. Et ces admirations raisonnées et cet amour foncier devait rapidement le ramener à d'autre soucis que celui de la couleur, à ceux d'une expression plastique et colorée des formes qui furent ceux des grands maîtres. Son souci d'ordre et de pensée, qui trouve en l'humanisme son apaisement. L'homme qui découvre chez les vahinés de Gauguin une filiation des vierges de Giotto, ne saurait non plus renier le Poussin. Voilà qui explique la grandeur paisible et la dignité sereine de certaines compositions et décorations assez récentes de l'artiste. Voilà qui donne à la lumière qui les baigne son sens et sa clarté. A propos de Pierre Girieud, il est permis de parler de panthéisme, car ses œuvres en portent le sceau. N'identifie-t-il point la nature à Dieu, puisqu'il ne veut en voir que la noblesse souveraine et l'exaltante beauté.
D'un séjour en Grèce, près des temples mutilés par le temps et dressant frontons et colonnades dans le pur azur de l'Héllade, Pierre Girieud a rapporté, non seulement les multiples visages de l'Acropole et du Parthénon, mais encore la conviction profonde que la beauté classique était faite d'ordre et de rythmes, et a su en tirer la leçon.
Son art, de plus en plus dépouillé, apparaît aujourd'hui comme celui d'un ascète, de l'ascète dont il s'est plu à donner l'image pensive dans son autoportrait.
Pierre Girieud est aussi un lithographe original et un puissant dessinateur. On lui doit, outres quelques illustrations remarquables, un album de lithographies : Princesses de la Bible de de la Fable, dans lesquelles il associe la plénitude des formes féminines à la délicatesse de paysages harmonieusement composés |