Fiche bibliographique

Naghi - "L'avenir de la peinture en Egypte ou l'art de la fresque "
La Bourse Egyptienne---

-Alexandrie
1936
Contenu sur Girieud
Les expositions se succèdent, nombreuses, ainsi que les conférences et les auditions créant à notre groupe de l'Atelier sa raison d'être. S.E. Mahmoud Bey Khalil, Président des Amis de l'Art, M. Rémond, Contrôleur des Beaux Arts ont songé à prolonger leur activité artistique au Caire à travers cette seconde capitale de l'Egypte donnant ainsi aux Alexandrins l'occasion d'apprécier ces expositions venues d'outre-mer qui ne faisaient que transiter notre ville. La Municipalité d'Alexandrie ayant préalablement reconnu à l'Atelier son utilité publique, a préparé ainsi, à travers nos moyens la voie aux réalisations. (....) Parmi toutes ces belles manifestation, l'étonnante activité du Contrôleur Général nous a valu la visite d'un peintre authentique, d'un décorateur de haute lignée. L'Egypte n'a pas eu l'heur d'apprécier depuis de nombreuses années un aussi beau talent. Le public qui suit la mode, évoluant plus rapidement qu'il ne le faisait il y a soixante ans, s'attache de moins en moins aux valeurs permanentes. Pour lui, la variété des recherches pittoresques et le souci d'amuser le spectateur l'autorisent à demander au peintre et au sculpteur une matière à spéculation facile, mondaine, aimable; le snobisme aidant on veut être à la page, on favorise les balbutiements, les velléités et ... les avortements. Rares sont les artistes qui se dérobent à cette invite au tournoi; ils demeurent rarement eux-mêmes. L'oeuvre de Girieud est une belle et grande leçon de sérénité que donne un art accompli. Un art pour être grand doit se réclamer de l'amour du métier. (....) Nourri au suc de la Provence qui par plus d'un aspect rappelle la Grèce, ce Mistral de la fresque a pris goût aux grande synthèses historiques. Contemplatif, ayant le sens de l'histoire et des civilisations révolues, il accède à cette haute rêverie d'où il interroge les vestiges du passé avec les yeux d'un poète et d'un penseur. On sent chez lui la lumière intérieure d'une culture acquise à la faveur et sur l'injonction d'un art qui pour s'exprimer fait une part prépondérante au savoir. L'art de Girieud procède en ligne droite de la fresque qui est une volonté d'expression hautaine et suggestive, un langage élevé éminemment social. A cette heure où l'Egypte revît les heures glorieuses de son nationalisme un instant contrarié par des courants agressifs et veut garder impérissable la forme tangible de ses aspirations, il faut que la Peinture défende ses droits. L'art de la fresque est l'équivalent de la sculpture par la solennité et la mesure. On peut lui confier la consécration des plus beaux épisodes de notre histoire. Cette courte visite d'un grand décorateur qui par les soins du Contrôleur des Beaux Arts vient de mettre en lumière, et à la portée de tous les procédés authentiques de Cennino Cennini, nous remplit d'une noble ambition on le conçoit. Il faut que cette orientation de la Peinture frappe nos dirigeants par l'immense portée sociale de ses possibilités. Aujourd'hui la Peinture qui vit d'expédients est fragmentaire, individualiste, pauvre par les particularités d'un égotisme stupide qu'une trop grande liberté, qu'un relâchement des mœurs encouragent chez le peintre. Cet art qui relève de tous les tics, des caprices de l'individu peut tout d'un coup devenir grand. A chaque citoyen qui passe cet art sanctifiant le souvenir des grandes actions peut dire : Rappelle-toi. Le passage de Girieud et l'exécution de sa fresque à l'Ecole des Beaux Arts du Caire m'ont raffermi dans cette conviction que l'avenir de la Peinture lié à l'histoire de l'Egypte réside dans la décoration murale