Pierre Girieud, peintre inspiré et savant, vient d'achever à Paris une série de compositions qui doivent orner la grande salle de 1'université de Poitiers. Avant de les envoyer dans cette ville, où elles seront marouflées sur les murailles pour lesquelles il les a conçues, l'artiste eût voulu les montrer au public parisien. Mais où trouver les vastes pièces nécessaires à une telle exposition, sinon dans le pavillon de l'Orangerie? Pierre Girieud a demandé à l'administration des musées nationaux de bien vouloir les lui prêter. En alléguant des difficultés qui n'ont rien d'invincibles, celle-ci, dit-on, lui opposerait un refus.
Il faut avec Gabriel Boissy dans Comoedia, appuyer les instances que le peintre renouvelle pour obtenir cet avantage. L'an passé, on l'a bien accordé aux compositions décoratives peintes pour un palais du Vénézuéla par O.D.V. Guillaunnet. De plus, il importe de soutenir en les honorant les rares peintres qui, malgré le peu de profit qu'ils en retirent et au prix d'efforts d'autant plus durs que la tradition en est diminuée pour ne pas dire disparue, maintiennent quelque chose de la peinture murale, supérieure en soi à tout autre emploi du pinceau, n'en déplaise aux artistes bornés dans la nature morte ou ivre-morte. L'Etat, qui en ce moment devrait décourager, non pas les beaux-arts, mais les deux tiers de ceux qui s'y adonnent, a le devoir d'encourager les souteneurs de la grande peinture épique et décorative, sans conteste l'une des plus hautes gloires de l'école française |