Fiche bibliographique

Vauxcelles Louis - "Le Salon d'Automne "
Le Gil Blas-n°9847--

-Paris
05-octobre 1906 np
Contenu sur Girieud
Girieud a été l'un des premiers, parmi les jeunes, à revendiquer les droits de l'imagination. Il ne se satisfait pas de retracer les légumes du pot-au-feu. C'est lui qui il y a deux ans évoquait largement la Tentation de saint Antoine. Il est dommage qu'il y ait chez lui une tendance à l'exagération caricaturale ce qui détruit le style. Son Hommage à Gauguin est loin d'être négligeable. Le public rira; mais est-ce un criterium quand la bourgeoisie s'esclaffe? Reconnaissons l'effort tenté pour grouper les douze personnages en variant le caractère des physionomies et des attitudes. L'influence de Gauguin est manifeste mais normale ici. Le maître de Taïti est vêtu d'une robe violette, mais ses bras sont bien jaunes (cuits, me direz-vous, par le soleil océanien). Il préside une agape Maorie. Deux vahinés l'entourent dont une négresse naïve qui se frotte amoureusement. Autour de la table sont réunis, comme dans l'hommage à Cézanne de Maurice Denis, - amis, admirateurs, disciples de Gauguin; et tout devant, deux jouvencelles pourvues du pur profil aztèque et qui sont vêtues de leurs seuls appâts. Les convives sont presque tous habillés de chlamides virulentes, dont l'outrance colorée s'accorde avec le volcan rouge de l'onde fluorescente. C'est la Cène à Taïti....